Des lauréats (et initiatives) à souligner
La gestion de risques, l’implication sociale et le développement de nouveaux skieurs (et fidélisation de la clientèle) figurent parmi les catégories de prix que souligne chaque année l’Association des stations de ski du Québec (ASSQ). Voici d’autres lauréats de la saison 2022-2023 et leur initiative respective leur ayant permis de s’illustrer au sein de l’industrie.
L’info-remontée du Mont-Édouard
Pourquoi attendre que se produise un arrêt prolongé d’une remontée mécanique pour réagir ? C’est la réflexion qu’a eu l’équipe de direction de la station du Mont Édouard pour mettre en place une nouvelle mesure de sécurité : l’info-remontée.
Bien que ce type d’incident ne se soit jamais produit à la montagne, l’équipe du Mont-Édouard sait combien il peut être stressant d’être assis dans une remontée dont l’arrêt se prolonge. D’où l’instauration de cette initiative préventive qui a valu à la station de remporter les grands honneurs du prix Gestion de risques 2023, catégorie station 100 000 jours skis et moins.
Entamée lors de la saison 2022-2023 (et cela s’est poursuivie lors de la saison 2023-2024), tous les sièges des remontées mécaniques A et B sont désormais munis d’une étiquette apposée sur le garde-sécurité. Cette dernière dispose d’un code QR. « Advenant un arrêt prolongé d’une remontée, le passager peut activer le code QR via son téléphone intelligent afin d’accéder à notre page – info-remontée », explique l’équipe de gestion de risques du Mont-Édouard.
Sur cette page, le passager voit instantanément le statut de la remontée, le type d’arrêt rencontré et d’autres informations pertinentes relatives à sa remise en marche. Dans le cas d’un bris mécanique demandant une évacuation par corde des passagers, la page info-remontée communique les informations pratiques quant à la préparation à une éventuelle évacuation. Une vidéo est même mise à la disposition des passagers afin que tout le monde soit bien préparé.
Et ce n’est pas tout. Depuis la saison dernière, de petites pochettes de sécurité individuelle avec couverture métallique et chauffe-mains (pouvant servir ailleurs sur le domaine) sont vendues à la boutique de la station.
Un encadrement de la randonnée alpine réussi au Mont-Orford
Comment gère-t-on une activité qui enregistre une augmentation de 3125 % de participation en moins de six ans ? On encadre sa pratique, répond la direction du Mont-Orford qui compose avec la popularité monstre de la randonnée alpine sur ses versants.
Introduite officiellement à l’automne 2016, l’activité compte aujourd’hui plus de 6000 abonnés. Elle génère plus de 60 000 visites par année. Il faut dire que la station du Mont-Orford offre non seulement plus d’une vingtaine de pistes et sentiers aux randonneurs alpins, elle leur propose une des plus grandes plages horaires s’étendant de 6 h à 22 h sept jours sur sept, et ce, dès le début de la saison, indique Valérie Collette, directrice marketing et communications de la station.
Le défi avec tout ce beau monde, surtout les habitués qui fréquentent ces sentiers depuis belle lurette, demeure le respect des règles d’utilisation. Plusieurs continuaient de grimper et de skier où bon leur semblaient, sans non plus acheter leur billet journalier, signale-t-elle.
Pour mieux et bien encadrer l’activité, la direction de la station a instauré une équipe de préventionnistes, son « comité d’accueil », dit-elle. Présentes de 6 h à 22 h, à la base tout comme au sommet, ces personnes sont sur place pour valider les droits d’accès, renseigner les clients sur les conditions des pistes ainsi que sur les sentiers autorisés pour la montée et la descente. Le service de police collabore aussi avec la station afin de faire respecter l’heure de fermeture.
La station a également fait installer des bornes d’urgence dans tous ses sentiers afin de porter secours rapidement aux usagers qui en auraient besoin. En plus de l’affichage sur le terrain, les utilisateurs bénéficient de l’application de géolocalisation Ondago qui permet de connaître instantanément leur position dans la montagne.
Deux patrouilleurs qui circulent sur les sentiers au quotidien, l’aménagement de refuges sur les trois sommets du domaine, des corridors d’ascension désignés sur les pistes, la refonte des cartes de sentiers, ainsi qu’une page web dédiée aux conditions des pistes s’ajoutent aux mesures mises en place pour réduire les risques d’incidents et d’accidents.
Résultats, ce nouvel encadrement améliore, certes, l’expérience des usagers, mais il a aussi l’avantage de faciliter le travail des employés responsables de l’entretien des pistes. Des facteurs qui ont permis à la station du Mont-Orford de remporter le prix Gestion des risques, catégorie 100 000 jours-ski et plus en 2023.
La recette Ski Saint-Bruno
C’est bien d’avoir le personnel pour initier de nouveaux skieurs et planchistes. C’est encore mieux, si en plus, on maîtrise les bonnes stratégies qui servent à fidéliser ces nouveaux clients. Une recette qu’applique parfaitement l’équipe de Ski Saint-Bruno (SSB).
Bon an mal an, ce sont des dizaines de milliers de nouveaux adeptes qui fréquentent les pentes de la station de la Rive-Sud de Montréal. Depuis 2021, près de 8000 d’entre eux apprennent les rudiments de leur sport de glisse grâce au parcours évolutif mis en place par l’équipe de la station.
Ce parcours, qui a nécessité huit années de réflexion et de travail, se démarque par ses options. Un nouveau skieur ou planchiste peut ainsi opter pour un seul cours ou encore, être accompagné par un moniteur de l’École sur neige pour un forfait de trois sorties (cours, billets et locations inclus). « Mais s’il le préfère, le débutant peut venir s’initier à la glisse par lui-même et demander des conseils gratuitement à des initiateurs présents dans les parcours SKIGO / SNOGO de la station », avise le PDG de la station, Michel Couture.
Le dirigeant tient à souligner que ce processus, qui cible les débutants, est unique au pays. « Cette solution permet de démocratiser la pratique de notre sport dans un processus encadré et sécuritaire », indique-t-il.
Dès sa première année en 2021-2022, le Parcours évolutif sur neige SKIGO / SNOGO a permis d’atteindre des taux de rétention allant de 65 % à 83 %, signale le dirigeant. En 2022, ce taux a dépassé les 85 %. « Un taux record en termes de rétention », ajoute fièrement Michel Couture. Cette performance a d’ailleurs séduit le jury de l’ASSQ qui, en 2023, a accordé le Prix Développement de nouveaux skieurs et fidélisation de la clientèle à la station SSB.
Implication citoyenne remarquée à BME
Depuis le premier jour de la création de la Ville de Bromont au pied du mont Brome, il y a de cela 60 ans, la station de ski Bromont, montagne d’expériences (BME) fait partie du quotidien des citoyens
« Nous sommes conscients que les stations de ski sont des lieux de villégiature jouant un rôle économique très important pour les municipalités, les régions et les communautés qui les entourent. Toutefois, la proximité des citoyens avec les stations de leur région ne garantit pas leur capacité à accéder aux installations des montagnes et de profiter de la saison de ski », explique Claude Péloquin, directeur général de BME.
Raison pour laquelle la station a décidé de poser un geste porteur auprès des citoyens. Depuis l’hiver 2023, BME a rendu gratuit pour tous les résidents l’accès à la remontée mécanique du Mont Soleil. « Jusqu’à présent ce sont près de 700 citoyens qui se sont prévalus de cet accès gratuit », indique fièrement le gestionnaire.
Bien qu’une grande partie des citoyens profitait déjà de la station toute l’année, certains n’y avaient tout simplement pas accès pour des raisons sociales et économiques. « En rendant l’accès gratuit à la remontée mécanique du Mont Soleil pour les résidents de Bromont, la station pose un geste favorisant l’inclusion de toute la communauté », dit-il.
Ce geste a non seulement permis à la destination de remporter le prix Implication sociale lors du dernier gala de l’ASSQ, présenté en 2023, il lui inspire d’autres initiatives citoyennes. Ainsi, depuis l’été dernier, BME offre aux citoyens de Bromont trois journées gratuites au parc aquatique. « Et si la météo n’est pas propice lors de la journée désignée, l’accès gratuit est remis à un autre jour », promet Claude Péloquin.
Un article par Claudine Hébert